Eclairage urbain

 

C'est l'idée de trois bio-hackers américains, qui ont fondé le projet « GlowingPlants ». Leur idée principale est de transférer le gène de la bioluminescence possédé par les espèces qui en sont capables naturellement, dans des végétaux qui ne possèdent pas ce caractère au départ. On appelle ça le biohacking.

 

Les chercheurs ont déjà réussi à le faire pour l'Arabidopsis, une petite plante appartenant à la famille des Brassicacées, tout comme le chou ou encore la moutarde. Et ils ont réussi cet exploit dans un laboratoire de création collaborative en libre accès (fablab) en Californie. Ils utilisent la bactérie Agrobacerium, qui est couramment utilisée en génétique végétale, car elle possède la capacité de transférer une partie de son ADN dans les cellules de la plante. À l'état naturel, cette transmission d'ADN de la bactérie dans les cellules du végétal provoque des tumeurs, ce que l'on appelle la galle.

 

La bactérie en contact avec les cellules de la plante transmet une plasmide (morceau d'ADN circulaire) dans le génome de la plante, qui normalement contient un séquence provoquant la galle chez le végétal. Cette région est alors remplacée par le gène de la bioluminescence, puis la plasmide est réinsérée dans la bactérie. Ensuite, la bactérie génétiquement modifiée est mise en culture pour qu'elle reproduise plusieurs exemplaires d'elle-même. Il suffit alors d'immerger la plante à rendre bioluminescente dans la solution de bactéries, qui injecteront la plasmide modifiée dans la plante en question, qui quelque temps plus tard exprimera ce gène et se mettra donc à briller!

 

Mais ces bio-hackers ne disposent pas des moyens techniques nécessaires pour produire cette séquence génétique par leurs propres moyens. Au lieu de ça, ils la commandent auprès d'un prestataire spécialisé dans la fabrication de telles séquences à destination des laboratoires, Cambrian Genomics. Pour financer leur projet, l'équipe a lancé une collecte de fonds sur la plate-forme de financement collaboratif Kickstarter. Presque 500 000 dollars ont déjà été récolté, sur les 65 000 demandés au départ, avec un objectif, à terme, de pouvoir remplacer les éclairage existants par des plantes bioluminescentes afin d'éclairer les rues.

 

Des avantages...

 

L'éclairage urbain représente 12 % de la consommation d'électricité en France, ce qui réduirait donc la consommation du pays en électricité de 12%, ce qui n'est pas négligeable, et de peut-être faciliter une transition vers d'autres sources d'énergie plus durables.

 

Ce système est aussi totalement autonome, aucune autre installation n'est nécessaire, pas de câbles par exemple, ce qui permettrait d'éclairer des régions du monde où l'importation d'électricité est difficile.

 

Cette lumière plus douce aurait également moins d'impact sur le métabolisme des autres êtres vivants en ville, car moins agressive (sans oublier l’esthétisme, l’attractivité d'un tel éclairage pour l'activité touristique d'une ville, car ce genre d'innovation est souvent associé à l'avancée d'une ville dans le domaine des nouvelles technologies).

 

Mais aussi des inconvénients.

 

La lumière moins intense est aussi un désavantage pour l'éclairage d'une rue. Il reste encore du travail à faire en ce qui concerne l'intensité de la lumière émise, avant qu'elle atteigne un niveau suffisant. Les trois chercheurs sont optimistes à ce sujet, car selon le responsable de la coordination du projet Antony Evans, il y a un gros potentiel à tirer du mécanisme énergétique des plantes, qui ne connaissent quasiment aucune perte d'énergie lors de la conversion des nutriments en sucres.

 

Et en ce qui concerne les conséquences sur l'environnement, par exemple une potentielle dissémination incontrôlée du caractère bioluminescent, le professeur en génétique de l'université d'Harvard George Church explique que dans la nature, ce caractère constituerait plutôt un désavantage par rapport aux plantes de la même espèce qui ne le possèdent pas, en effet cela implique une plus grande consommation en énergie de la part de ces organismes. Il y a donc peu de risques que ces plantes puissent survivre en pleine nature.

 

On peut aussi évoquer brièvement le cas de la start-up française Glowee, qui a elle pour but d'éclairer les rues grâce à des bactéries génétiquement modifiées.